Mode de garde préféré des parents pour les enfants moins de 6 mois, la crèche a le vent en poupe. En France, les offres en places d’accueil ne satisfont pas les demandes grandissantes des parents. Ouvrir une crèche constitue une opportunité pour les entrepreneurs. Cependant, la réussite du projet implique des démarches précises. Il est aussi important de réaliser une étude de faisabilité sur tous les plans.
Ouvrir une crèche : les prérequis
Être à l’aise avec le contact des enfants ne suffit pas pour ouvrir une crèche. Cela constitue tout un programme. Avant de s’intéresser aux démarches, il faut tenir compte des conditions nécessaires pour réussir cette entreprise.
Les qualifications
L’ouverture d’une crèche ne nécessite aucune qualification particulière. Toutefois, la direction de l’établissement doit être confiée à une personne ayant les compétences spécifiques. En effet, il doit être titulaire d’un diplôme d’État en puériculture ou en éducation des jeunes enfants. Une expérience d’au moins 3 ans dans un poste en relation avec le domaine de compétences est aussi requise. À défaut de ces qualifications, il faut nommer un responsable pour en assurer la direction quotidienne.
Par ailleurs, le domaine de comptabilité et financier peut être géré par le propriétaire, au même titre qu’une entreprise lambda. Le gérant doit aussi s’entourer des professionnels de la petite enfance. La législation impose un adulte pour 5 enfants de 0 à 2 ans. Il en faut un autre pour 8 enfants de plus de 2 ans. Une spécialité en puériculture est aussi exigée du personnel en charge des enfants.
Il importe de se constituer une équipe pluridisciplinaire, dont 40 % diplômé d’État en éducation de jeunes enfants, puériculture ou infirmerie. Le reste doit disposer d’un CAP petite enfance, d’un CAP d’aide à domicile, ou d’un BEP sanitaire et social. Il est aussi préférable de diversifier les compétences des encadreurs. Des professionnels dotés d’un diplôme d’État en auxiliaire de vie sociale ou en assistance maternelle sont indispensables.
Autorisation préfectorale
Pour bénéficier d’un taux de TVA réduit ou encore d’exonérations de charges sociales, l’ouverture de la crèche doit être réglementée. Cela se traduit par l’envoi d’un dossier de déclaration en vue d’obtenir l’agrément préfectoral. La demande doit être adressée au service départemental de la PMI (Protection Maternelle Infantile). Ce dossier comprend un business plan incluant l’activité, le mode opératoire et le règlement intérieur au sein de la crèche. L’étude des besoins en garderie infantile dans le milieu concerné doit également y figurer ainsi que le plan du local. À cela s’ajoutent le budget prévisionnel de l’entreprise et son statut juridique.
La décision d’agrément revient au Président du Conseil Départemental dans les 3 mois qui suivent la date de dépôt du dossier. Ce délai permet à la PMI de traiter méticuleusement la demande. Entre-temps, un médecin évaluera la conformité de la structure par rapport au règlement en vigueur.
Il est surtout question de vérifier l’adéquation des conditions d’hygiène, de sécurité et de confort aux besoins des enfants. Pour réussir cette démarche, il convient de solliciter l’expertise de la CAF (Caisse d’allocations familiales) et du service de PMI. D’ailleurs, la CAF et le Conseil général peuvent financer le projet de création de crèches.
Après avoir reçu l’autorisation, la démarche auprès de la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) n’est plus qu’une simple formalité. Il en va de même pour la procédure au CFE (Centre de Formalités des Entreprises).
Réaliser une étude du marché
Dans le cadre de l’ouverture d’une crèche, l’étude du marché est cruciale pour la pérennité du projet. En ce sens, elle doit être ancrée sur des bases solides et fiables. Pour ce faire, le contact avec le public concerné est indispensable.
Identification des cibles
En se lançant dans la création d’une crèche, il est judicieux d’analyser la pertinence du projet. Cela revient à déterminer l’ensemble des ménages concernés, notamment les parents ayant des enfants de 10 semaines à 6 ans. Ceux qui sont à la recherche de places en garderie doivent être recensés. Il faut aussi analyser leurs emplois du temps ainsi que leurs conditions de travail.
Par souci de répondre aux besoins des cibles sur le long terme, l’anticipation du développement de la crèche s’impose. Cela implique l’élaboration d’une pyramide des âges des enfants se trouvant dans la zone d’implantation. L’étude de la concurrence et de la politique de la commune concernant la petite enfance entre aussi en jeu.
Type de crèche
L’activité de garde d’enfants se décline en deux catégories dont la crèche classique et la micro-crèche. La première est l’option la plus pertinente si les moyens le permettent. En effet, aucune limite n’est fixée pour le nombre de places. On peut répondre aux attentes de tout réservataire, que ce soit des communes, ministères ou entreprises. Toutefois, la crèche classique doit obéir à des textes réglementaires plus stricts.
La seconde option, en revanche, est un jardin d’enfants lancé en 2010 pour satisfaire davantage les besoins en garderie. À la différence de la crèche classique, la micro-crèche est soumise à des règlements plus flexibles. Cependant, le nombre de places autorisé est limité à 10 enfants au maximum.
Trouver un local
La prochaine étape de l’étude du marché s’apparente à la recherche d’un local adapté à la structure. Outre les conditions d’accessibilité et de proximité, celui-ci doit se conformer à certaines normes de réglementation. Pour l’hygiène, la crèche doit disposer d’au moins d’une salle de bain, d’une buanderie et d’une salle d’activités. Une cuisine équipée de frigo ainsi que des chambres avec lits et matelas pour enfant sont aussi obligatoires.
Pour la sécurité, il faut un terrain gardé et clôturé avec un système de protection fiable contre les dangers potentiels. Il s’agit des fenêtres équipées de barreaux et de poignées de porte hors de portée des enfants. Un système de protection sur les appareillages électriques et de chauffage ainsi qu’un point d’eau sont aussi nécessaires. Pour le confort, l’éclairage, le chauffage et l’aération sont au cœur de la préoccupation. Aussi, l’endroit doit être propre, pourvu d’espace de jeux, et est propice au repos.
Constituer l’équipe
Le recrutement de l’équipe opérant au sein de la crèche suit un processus réglementé. Le nombre des personnels doit être proportionnel à la taille de la structure. Il importe également de respecter les qualifications et règlements spécifiés un peu plus haut.
Par souci de réussite, une expérience de plus de 2 ans au contact des jeunes enfants serait souhaitable. À cela s’ajoute 3 ans d’exercice dans un métier d’assistance maternelle agréée, équivalant à une qualification de niveau V.
Les démarches administratives
Une fois le business plan parfaitement établi, il reste à s’occuper de la concrétisation. Cette démarche se fait en 5 étapes.
Choix du statut juridique
Pour ouvrir une crèche, le créateur d’entreprise a le choix entre deux formes juridiques. D’une part, la SARL (Société Anonyme à Responsabilité Limitée) constitue une option idéale pour débuter dans le milieu. Ce statut libère de lourdes tâches administratives et fiscales.
D’autre part, la SAS (Société Anonyme par actions Simplifiée) convient davantage aux créateurs d’entreprise plus expérimentés. Ce statut offre plus de flexibilité dans la direction de la crèche. Il permet aussi d’anticiper le développement de la structure. Il est aussi possible d’ouvrir une crèche en tant qu’association pour jouir d’un allègement fiscal.
Rédaction des statuts
C’est un document juridique de la plus haute importance, regroupant toutes les informations sur la crèche. La rédaction des statuts doit comprendre différentes données comme la forme juridique et le siège social. Il est aussi indispensable d’y inscrire la dénomination sociale, le nom des associés ainsi que l’objet social.
Viennent ensuite la modalité d’apports et la répartition des actions, suivies de la durée d’exploitation (99 ans d’office). Les dates de début et de fin de l’exercice social sont aussi nécessaires.
Constitution du capital social
Quel que soit le statut de la société, il faut constituer un fond de départ pour pouvoir l’exploiter. On parle du capital social, comprenant au moins un euro. Le créateur d’entreprise doit le placer dans un compte professionnel auprès de son agence bancaire.
Le capital peut être constitué en numéraire, c’est-à-dire avec de l’argent, ou en nature (avec des biens matériels). Pour une crèche, l’apport en industrie sera plus pratique. Dans le cas où l’entrepreneur choisirait la forme juridique SAS, le montant mobilisable est fixé à 20 % du capital social au début du projet.
Publication d’annonces légales
Comme pour toute autre entreprise, l’ouverture d’une crèche doit faire l’objet d’un avis de constitution sur un journal d’annonces légales. C’est une démarche obligatoire pour obtenir une attestation de parution. La publication doit inclure les informations liées à la société en cours de création. Elle coûte environ 150 euros.
Établissement du dossier d’immatriculation
La dernière étape de l’ouverture d’une crèche consiste à s’enregistrer auprès du tribunal du greffe de commerce compétent. Dans ce cas, il faut remplir le formulaire MO et réunir un dossier d’immatriculation comprenant entre autres les statuts paraphés.
Outre l’adresse du siège social avec justificatif, on aura besoin d’une attestation de dépôt des fonds et de publication d’annonce légale. Pour le dirigeant de la société, il faut la copie d’une pièce d’identité avec attestation sur l’honneur de non-condamnation. Il faut aussi payer les frais de greffe dont le montant dépend de la forme juridique de la société.
Étude de rentabilité d’une crèche
Les étapes d’ouverture de la crèche peuvent prendre plus d’une année. La structure est enfin prête à accueillir ses premiers clients. Il faut quand même travailler dur pour la rentabilité et la pérennité du projet. Voici quelques conseils pour s’en assurer.
Bien gérer la masse salariale
Au début du projet, il est nécessaire de s’entourer des experts du milieu. Les charges que cela implique doivent être prises en compte. De ce fait, il faut recruter le personnel minimum en s’en tenant à la réglementation. Une équipe multitâche permettra d’économiser sur la masse salariale sera au top. En effet, les personnels peuvent basculer entre différentes tâches au fil de la journée.
L’objectif est de gérer le planning en fonction des employés présents en entreprise au lieu d’en recruter plusieurs. Il n’est surtout pas question de les surcharger de travail ni moins de faire l’impasse sur le règlement.
Optimiser le taux d’occupation
La recherche de client est souvent problématique au début d’un projet. En matière de garde d’enfant, ce sont notamment les proches qui réserveront des places. C’est tant mieux pour remplir l’établissement. Il faut aussi faire une prospection auprès des entreprises par exemple. Avec des méthodes pédagogiques innovantes, on peut conclure des contrats facilement.
Par souci de remplir la crèche, certains ne considèrent que les gros contrats alors que cela est néfaste pour la rentabilité. En effet, plus les gens réservent pour plusieurs jours ou plusieurs places, plus leur prix sera dégressif. Cela relève d’une technique de fidélisation efficace, mais avec un nombre limité de places, la rentabilité n’est pas au rendez-vous. Pour pallier cela, il est conseillé de diversifier les contrats en vue d’une bonne gestion du taux d’occupation.
Poursuivre le business plan
L’élaboration du business plan joue un rôle crucial dans l’étude de rentabilité d’un projet. Le prévisionnel établi pour compléter le dossier de demande de prêt demeure utile après l’ouverture de la crèche. Il peut servir de référence pour déterminer la situation réelle par rapport à l’objectif fixé. Se lancer de nouveau défi, penser à la croissance de l’entreprise, etc… est aussi à intégrer dans le nouveau business plan.
Dans ce sens, il est possible d’envisager l’ouverture d’une autre crèche afin d’optimiser les dépenses. L’ajout d’une seconde garderie permet d’agrandir le marché sur une zone plus vaste. Comme la première structure a déjà fait ses preuves, la route est toute tracée pour l’annexe. En effet, le bouche-à-oreille fait partie des méthodes les plus fiables pour travailler la notoriété des gardes d’enfants.
Pour le reste, il est opportun de se distinguer de la concurrence, gérer les frais généraux et optimiser les achats.