Vous pensez que tous les métiers sont utiles à la société ? L’anthropologue américain David Graeber, à l’origine de l’expression « bullshit job », n’est pas de cet avis. C’est quoi exactement les bullshit jobs et quels types de métiers sont concernés ? Retrouvez plus de détails dans cet article !
Qu’est ce qu’on entend par bullshit job ?
L’expression « bullshit job » (Job à la con en français) a été théorisée par David Graeber en 2013. Celle-ci désigne le fait d’effectuer des tâches qui sont vides de sens. En d’autres termes, les bullshit jobs sont des métiers inutiles et sans grand intérêt pour la société. Ils permettent simplement de ne pas augmenter le taux de chômage.
Pour identifier ce type de métier, l’anthropologue a recours à une méthode très simple : on imagine une société dans laquelle le métier n’existe pas et on essaye d’analyser les répercussions que cela peut entraîner.
Dans une société, il est difficile de se passer des services d’un médecin, électricien ou encore d’un enseignant. En revanche, il existe des métiers tels que marketeur ou contrôleur de gestion, qui même si on les supprime, il n’y aura pas d’impact direct sur la société. Celle-ci pourra toujours fonctionner et peut se tenir debout. D’après David Graeber, à cause de la technologie, la société moderne a généré une multitude de métiers inutiles. Et il souligne que ceux qui les exercent n’ont pas toujours conscience que leurs tâches ne servent pas à grand-chose.
Quels sont les 5 métiers concernés ?
1 – « Les larbins »
Ce type de métier permet de mettre en valeur une personne qui veut se sentir importante. L’anthropologue cite comme exemple les portiers qui sont là pour remplir un rôle de faire-valoir. Une personne qui entre dans un lieu n’a pas forcément besoin de quelqu’un afin de lui ouvrir une porte. En effet, un simple interphone peut faire l’affaire. Mis à part les portiers, l’anthropologue évoque également le cas des réceptionnistes. La plupart du temps, ces derniers se bornent à incarner la figure de subalterne pour une structure ou une entreprise. David Graeber remarque que la présence de réceptionnistes n’est pas nécessaire dans certains lieux.
Il est à noter que pour la personne qui souhaite afficher sa supériorité face aux autres, le larbin est vraiment nécessaire. Il est impératif de s’octroyer au minimum un subordonné pour se sentir important.
2 – « Les petits chefs »
Pour David Graeber, il y a 2 types de « petits chefs » : d’un côté, on trouve ceux qui sont superflus dans la mesure où leur travail est déjà pris en charge à 100% par les subalternes. C’est le cas de certains superviseurs qui supervisent des équipes complètement autonomes. À cet effet, ils ne sont d’aucune utilité !
D’un autre côté, on distingue les petits chefs qui passent le plus clair de leur temps à créer des tâches inutiles ou qui procèdent à des recrutements pour des « jobs à la con ». Vous l’aurez compris, cette seconde catégorie est donc plus problématique, car elle est plus nocive.
3 – « Les porte-flingues »
Certaines personnes ont créé des postes dans le but de protéger uniquement leurs intérêts. On peut évoquer des métiers tels que les avocats d’affaire, experts en relation publique, lobbyistes, experts en publicité ou encore télévendeurs. En s’appuyant sur les interviews qu’il a menées, David Graeber affirme que les personnes qui occupent ces postes semblent mépriser leur fonction. Pour quelles raisons ? D’abord, elles estiment que leur métier est à la fois manipulateur et agressif. Ensuite, elles ne perçoivent aucune valeur sociale positive. Bref, leur job n’a pas beaucoup de sens !
4 – « Les cocheurs de case »
Pour David Graeber, les « cocheurs de case » sont des employés qui ne sont là que pour permettre à une entreprise de prétendre faire quelque chose, mais qu’elle ne fait pas en réalité. L’objectif est de redorer l’image d’une organisation sans pour autant apporter de réelles modifications en interne. L’anthropologue s’appuie sur des exemples concrets : afin de s’assurer qu’une entreprise fait bien quelque chose, elle demande qu’on effectue des sondages, des études, rapports ou encore des questionnaires clients dont les résultats n’intéressent personne. Certains cadres n’ont rien d’autre à faire que d’inventer de faux sujets ou de cogiter sur des points qui ne sont pas vraiment importants. Dans bon nombre d’entreprises, on organise régulièrement des réunions qui ne mènent à rien. Leur but se limite à fixer la date de la prochaine réunion et rien de plus.
5 – « Les rafistoleurs »
Les rafistoleurs ont pour unique mission de régler les problèmes et anomalies qui se produisent au sein de l’organisation. Ces derniers ne devraient pas exister. Il peut s’agir par exemple des services techniques et informatiques. C’est aussi le cas des personnes qui sont chargées de réparer les bourdes de leurs collègues ou qui sont obligées de traiter un nombre considérable de dossiers qu’un collègue n’a pas su assurer. Les rafistoleurs sont aussi sollicités lorsqu’il s’agit de masquer l’incompétence des dirigeants ou des chefs hiérarchiques.
Exercez-vous un « bullshit job » ?
Comme évoqué plus haut dans cet article, ceux qui exercent un « Job à la con » n’en sont pas toujours conscients. À ce sujet, David Graeber se garde bien de porter des jugements. L’anthropologue admet d’ailleurs que sa définition du « bullshit job » est très subjective. Et il l’assume complètement ! Il appartient à chacun de se poser la question « est-ce que j’exerce un bullshit job » ? Sachez qu’il existe des tests disponibles en ligne qui vous permettent d’être fixé une bonne fois pour toutes sur votre cas.
De quelle manière peut-on sortir d’un « bullshit job » ?
Tout le monde sait qu’il n’y a rien de plus déprimant que d’accomplir des tâches qui sont vides de sens. À la longue, cela peut conduire au phénomène que les spécialistes appellent le « brown out » (en français « baisse de courant ». Pour faire simple, on parle de brown out lorsque l’employé ne comprend plus les finalités de son travail.
Vous avez fait un test et les résultats confirment vos doutes ? Vous pouvez sortir d’un « bullshit job » en cherchant tout simplement un autre emploi qui a du sens. Afin de savoir dans quel métier vous serez le plus épanoui, essayez la méthode Ikigai. Pour cela, vous devez prendre en compte quatre aspects. Qu’est-ce vous aimer ? Dans quel domaine êtes-vous doué ? Qu’est ce que le monde a besoin et ce pour quoi vous pouvez être rémunéré.
Il n’y a aucun doute que la classification établie par David Graeber est arbitraire. Elle est aussi loin d’être parfaite ! Néanmoins, elle a le mérite de mettre en lumière divers aspects de ce phénomène universel qui affecte les organisations. Si vous pensez que vous exercez un bullshit job, pourquoi ne pas chercher un autre poste qui peut vous rendre heureux tout en sachant que vos actions ou tâches auront un impact significatif sur la société ? N’attendez pas d’être victime de brown out pour réagir !