Sujet épineux, la question des prétentions salariales est souvent délicate à aborder surtout pour le candidat. Mais lors de l’entretien d’embauche, ce dernier doit impérativement se prononcer sur la valeur de son travail. Il doit peser le pour et le contre, mesurer ses forces et ses faiblesses, évaluer ses besoins et ses ambitions. Il doit se faire une idée juste de ce que vaut son savoir-faire sur le marché du travail, et de ce que peut lui offrir l’entreprise qui l’intéresse. Il s’agit là d’un pacte tacite entre deux parties qui ont chacune leurs intérêts et leurs exigences. La dignité et le respect, autant que l’argent et la sécurité entrent aussi en jeu. En cherchant un emploi, vous rêvez sûrement d’un avenir meilleur et aspirez à une juste rémunération de vos talents ou de vos efforts. Savoir parler de ses prétentions salariales en entretien est un art difficile qui demande de la prudence et de l’audace. Il faut trouver le juste milieu pour ne pas vous sous-évaluer ni vous surestimer et compromettre ainsi vos chances d’être embauché. Voici quelques conseils pour aborder ce sujet délicat de manière intelligente et stratégique.

Faire des recherches préalables

Connaître le salaire moyen du poste visé, en fonction de la taille de l’entreprise, de la localisation géographique, du niveau de formation et de l’expérience requise est indispensable. Il existe pour cela des sites internet spécialisés, des enquêtes statistiques, des témoignages de professionnels dans le même secteur. N’oubliez pas de prendre en compte vos besoins personnels, vos charges fixes, et le niveau de vie que vous souhaitez. Vous aurez ainsi des informations précises qui serviront de base à la négociation.

Vous pouvez dire : « D’après mes recherches, le salaire moyen pour ce poste se situe entre 35 000 et 40 000 euros bruts annuels. Mais je vous laisse me faire une offre qui reflète la valeur que je peux apporter à votre organisation. Je suis prêt à étudier toute proposition raisonnable et attractive.»

Attendre que le recruteur aborde le sujet

Lors de l’entretien d’embauche, il est préférable d’attendre que le recruteur aborde le sujet du salaire, plutôt que de le faire vous-même. En effet, si vous parlez d’argent trop tôt, vous risquez de donner l’impression que c’est votre seule motivation, ou que vous n’êtes pas confiant dans vos compétences. Il vaut mieux attendre la fin de l’entretien, lorsque vous aurez eu l’occasion de présenter vos atouts et votre intérêt pour le poste et l’entreprise. Le recruteur sera alors plus disposé à écouter vos prétentions salariales, et à les prendre en considération.

Si le recruteur vous demande : « Quelles sont vos prétentions salariales ? », ne répondez pas tout de suite. Dites plutôt quelque chose comme : « Avant de parler de salaire, j’aimerais savoir si ma candidature correspond à vos attentes, et si le poste me convient. » Ainsi, vous montrez que vous êtes soucieux de la qualité du travail et du bien-être au sein de l’équipe.

Savoir se situer dans le marché de l’emploi

Vous devez être capable de vous situer dans le marché du travail et connaître la valeur de vos compétences et de vos expériences. Prendre en compte votre formation, votre diplôme, et vos réalisations antérieures. Ainsi, on pourra estimer une fourchette de salaire raisonnable et réaliste, qui corresponde à vos attentes et à celles de l’employeur et qui soit aussi cohérent avec le marché.

Par exemple, un ingénieur diplômé d’une grande école peut prétendre à un salaire plus élevé qu’un technicien sans diplôme. Mais il devra aussi adapter ses prétentions en fonction de la taille de l’entreprise qui l’embauche, de la région où il travaille, et du niveau de concurrence sur le marché.

Se vendre sans se brader

Savoir mettre en avant ses qualités, ses atouts, ses motivations, et sa valeur ajoutée pour l’entreprise permet au candidat de mener à bien la négociation salariale. Il faut que vous montriez que vous êtes le candidat idéal pour le poste, et que vous méritez une rémunération à la hauteur de vos compétences et de vos ambitions. Votre comportement pendant l’entretien en dit long aussi sur vous. Vous devez être confiant, assertif, et positif, sans être arrogant, agressif, ni prétentieux.

Vous pouvez dire : « Je pense que mes compétences techniques et relationnelles sont un atout pour ce poste. J’ai une solide expérience dans le domaine, et j’ai déjà réalisé des projets similaires avec succès. Je suis motivé par les challenges, et je m’adapte facilement aux changements. Je pense qu’un salaire de 45 000 euros annuels brut me semble légitime, qu’en pensez-vous ?»

Savoir négocier sans s’imposer

Quand on négocie son salaire en entretien, chacun doit être ouvert au dialogue, à l’écoute, et respectueux des arguments de l’autre partie. Il faut aussi être flexible, et prêt à faire des concessions si nécessaire. Lorsque le recruteur vous interroge sur vos prétentions salariales, évitez de donner un chiffre précis qui pourrait fermer la porte à toute négociation. Il vaut mieux proposer une fourchette de salaire, qui laisse une marge de manœuvre pour trouver un terrain d’entente. Une fois que vous avez fait vos recherches, déterminez votre fourchette de salaire idéale, c’est-à-dire le montant minimum et maximum que vous souhaitez recevoir. Le montant minimum doit correspondre à vos besoins financiers et votre valeur sur le marché du travail. Le montant maximum doit être en accord avec les pratiques de l’entreprise. Montrez à votre interlocuteur que vous êtes prêt à discuter en fonction des avantages et des responsabilités liées au poste.

Exemple : « Je ne me fixe pas de salaire précis, car je sais que cela dépend de nombreux facteurs. Je vous propose néanmoins un salaire entre 35000 et 40 000 € brut annuel. Je pense que cette fourchette est cohérente avec mon profil et mon expérience. Bien sûr, je suis ouvert à la discussion » ainsi, vous montrez que vous êtes flexible et ouvert au dialogue.

Ne pas viser trop haut ni trop bas

Il est important de ne pas se surestimer ni se sous-estimer lorsqu’on parle de ses prétentions salariales. Si vous visez trop haut, vous risquez de paraître arrogant ou irréaliste, et de décourager le recruteur. Si vous visez trop bas, vous risquez de perdre en crédibilité ou en motivation, et de dévaloriser vos compétences. Essayez donc de trouver un équilibre entre vos aspirations et les attentes de l’entreprise. Attention, demander à l’employeur combien il compte nous payer est une chose à ne pas faire. Cela pourrait donner l’impression qu’on n’a pas préparé l’entretien ou qu’on n’a pas confiance en soi.

Évaluer la concurrence

Il est toujours utile de savoir quel est le niveau de concurrence pour le poste auquel vous postulez. Si vous êtes le seul candidat ou si vous avez des compétences rares et recherchées, vous aurez plus de poids pour négocier votre salaire. Si au contraire, il y a beaucoup de candidats ou si vos compétences sont communes, vous aurez moins de marge de manœuvre. Adaptez donc votre discours en fonction du contexte, de la situation et de votre interlocuteur. Si vous parlez à un recruteur, mettez en avant vos compétences et votre valeur ajoutée pour l’entreprise. Si vous parlez à un manager, insistez sur vos motivations, vos objectifs et votre potentiel de développement. Si vous parlez à un responsable financier, soyez prêt à justifier votre demande avec des arguments chiffrés et concrets.

Argumenter avec finesse

Si le recruteur vous demande de justifier votre prétention salariale, ne vous contentez pas de dire que c’est ce que vous valez ou ce que vous souhaitez. Appuyez-vous sur des faits concrets et tangibles, tels que vos diplômes, vos compétences, vos réalisations, vos projets ou vos références.

Répondez comme suit : « J’ai obtenu un master en marketing digital, j’ai travaillé pendant trois ans comme responsable webmarketing chez X, j’ai augmenté le trafic du site de 50% et le chiffre d’affaires de 20%, j’ai géré une équipe de cinq personnes et j’ai mis en place une stratégie de communication innovante ». Ainsi, vous démontrez que vous êtes un candidat de valeur et que votre demande est légitime.

Ne pas oublier les autres éléments de la rémunération

Le salaire n’est pas le seul élément à prendre en compte lors d’une négociation salariale. Il existe d’autres avantages qui peuvent compenser un salaire moins élevé que ce que vous espériez, tel que les primes, les commissions, les tickets restaurant, les chèques-cadeaux, les frais de transport, la mutuelle, le plan d’épargne entreprise, les congés supplémentaires ou encore la possibilité de télétravailler. N’hésitez pas à les évoquer lors de l’entretien et à les intégrer dans votre calcul global de la rémunération. Ces éléments peuvent compenser un salaire moins élevé que prévu ou augmenter votre pouvoir d’achat. N’ayez pas peur de demander au recruteur quels sont les avantages offerts par l’entreprise et les intégrer dans votre négociation.

Dites par exemple : « Je suis très motivé par ce poste et par votre entreprise. Je pense avoir les compétences et les qualités requises pour réussir dans cette fonction. Je souhaite donc être rémunéré à la hauteur de mes contributions et de mes ambitions. Je vous propose un salaire de 45 000 euros bruts annuel, négociable en fonction des modalités du contrat et je tiens aussi compte des autres éléments de la rémunération comme une prime annuelle, une voiture de fonction, ou des jours de congé supplémentaires.»

Se préparer aux objections

Il est possible que l’employeur ne soit pas d’accord avec vos prétentions salariales ou qu’il n’ait pas les moyens de les satisfaire. Dans ce cas, vous devez être prêt à faire face aux objections et à les réfuter avec tact et diplomatie. Par exemple, si l’employeur dit que le salaire est fixe ou qu’il n’a pas de budget supplémentaire, vous pouvez lui rappeler la valeur ajoutée que vous apportez à l’entreprise ou lui proposer d’autres formes de rémunération.