Photo: Cédric Faimali / collectifargos.com
Nicolas Sarkozy annonçait du travail pour ceux qui en voulait, la hausse du pouvoir d’achat, des réformes radicales. Bilan d’une année de politique de l’emploi bien timide pour un pays en crise.
Près d’un actif sur dix se trouve au chômage au premier trimestre 2011. Plus généralement en France métropolitaine, 3,4 millions de personnes ne travaillent pas mais souhaitent travailler. Et plus de 5% des actifs occupés souhaiteraient travailler plus, selon les derniers résultats de l’Insee. Le temps partiel représente 17% des emploi, l’intérim 2 % de l’emploi et les CDD 9%.
Nicolas Sarkozy proposait en mars 2005, lors de la convention UMP consacrée aux questions sociales, de « permettre à ceux qui veulent gagner plus de travailler plus ». Qu’a-t-il fait pour eux cette année ?
Une fois élu, Nicolas Sarkozy a mis en place la mesure phare du quinquennat, en terme de symbole, et de budget. Un dispositif qui exonère les employeurs des cotisations sociales sur les heures au-delà de 35 par semaine (ou 1607/an) et les salariés à la fois des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu. Une heure supplémentaire d’un nouveau genre qui rapporte entre 20% et 45% de plus aux travailleurs volontaires, sans oublier que leur enrichissement va entraîner la hausse de l’emploi. Le dispositif est adopté en août 2007 dans le cadre de la loi Travail emploi pouvoir d’achat (Tepa). Mise initiale: 4,4 milliards d’euros pour les finances publiques. Pour quels résultats?
La belle machine des heures sup’, notent les auteurs des Bobards économiques, produit un effet « pro-cyclique »: dans une période de difficultés et d’incertitudes, les chefs d’entreprise ont le choix entre faire travailler davantage les salariés déjà présent ou en embaucher de nouveaux.Bien qu’il manque encore 375 000 emplois par rapport au premier trimestre 2008 dans le secteur marchand, les salariés qui ont conservé leur poste ont effectué 1,5 million d’heures supplémentaires de plus qu’il y a trois ans. Les 174 millions d’heures supplémentaires totalisées au cours du seul premier trimestre 2011 représentent l’équivalent de 382 000 emplois à temps plein. Autrement dit, si on en avait effectué la moitié seulement, on aurait pu combler déjà la moitié du retard pour revenir au niveau d’emploi d’avant la crise, remarquent les journalistes d’Alternatives Economiques.
Les salariés en poste ont-ils au moins vu leur pouvoir d’achat augmenter comme promis? Une étude de la Dares publiée le 7 juillet 2011 indique que 16 % des salariés déclarent que les mesures d’allongement du temps de travail ont permis d’augmenter leur revenu, mais 14% des salariés déclarent avoir effectué des heures supplémentaires sans compensation (rémunération ou repos).
Les seniors sont de plus en plus nombreux à se retrouver au chômage. Début 2011, plus de 6% des plus de 50 étaient sans emploi. Autre chiffre, celui des plus de 50 ans recensés en catégorie ABC à Pôle Emploi. Il a explosé avec la crise, augmentant de 29% entre février 2009 et septembre 2010, soit une progression supérieure de 10 points à celle de l’ensemble des demandeurs d’emploi de cette catégorie, notait le journaliste Marc Landré sur son blog.
Pourtant, le gouvernement n’a pas choisi d’améliorer la situation de l’emploi des seniors avant de reculer l’âge de la retraite. Ni de réfléchir aux conditions de travail propices au maintien dans l’emploi.
Car plus d’un tiers des travailleurs âgés de 50 à 59 ans affirment avoir été exposés pendant 15 ans ou plus à un poste pénible, selon l’enquête « Santé et itinéraire professionnel » de la DARES. Quelles en sont les conséquences ? L’enquête révèle que 24% des seniors concernés se déclarent limités dans leurs activités quotidiennes du fait d’un problème de santé contre 17% des autres seniors. Ils sont également moins souvent en emploi après 50 ans (chômeurs ou inactifs, avec ou sans reconnaissance administrative d’un problème de santé). Les plus de 50 constituaient en 2004 environ la moitié des salariés déclarés inaptes, selon l’enquête « Santé et vie professionnelle après 50 ans ». Lire Espérance de vie et CSP.
A l’issue des débats sur les retraites, il a surtout été décidé d’un nouveau rendez-vous en 2013 ; rendez-vous qui aurait pour objet une réforme qualifiée de systémique (en opposition aux réformes dites « paramétriques » dont l’objet est de modifier les paramètres des régimes de retraite sans en changer le fonctionnement proprement dit).
“Les jeunes constituent bien une catégorie à part, avec un taux de chômage qui depuis les années 80 n’est jamais descendu au-dessous de 15 %. Ensuite, ils sont plus sensibles à la conjoncture que les autres classes d’âge. Pendant la crise, le taux de chômage moyen a progressé de deux points, en partant de 7 %, alors que le taux de chômage des jeunes, qui était déjà à 17,5 %, est passé à 24,2 ! “, rappelait la présidente du Conseil d’Orientation pour l’Emploi, auditionnée par la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée Nationale. Conseillère de Paris et conseillère régionale d’Ile de France, sous bannière UMP, elle n’en a pas moins mis en garde contre l’arrêt complet et hâtif des mesures prises par l’Etat pour soutenir l’emploi des jeunes durant la crise:
On a vu au cours des six derniers mois de 2010 s’éteindre un à un la plupart des dispositifs mis en place au moment de la crise. Les exonérations de charges dans les toutes petites entreprises, qui bien sûr ont créé des effets d’aubaine mais, c’est l’essentiel, ont montré leur efficacité, sont arrivées à échéance. Puis les administrations de l’emploi, ayant épuisé leurs crédits, ont donné un coup de frein silencieux mais brutal aux contrats aidés, en particulier pour les jeunes. Les contrats initiative emploi, dont toutes les études montrent l’efficacité, sont passés de 50 000 par trimestre à 5 000. Les mesures de soutien à l’alternance, limitées dans le temps – ce qui se comprend pour des mesures anticrise –, ont été un moment reconduites, non sans hésitation, avant de cesser à nouveau. Bref, la politique de l’emploi a connu un véritable coup d’arrêt. Certes, les mesures de soutien conjoncturel coûtent cher, mais elles devraient être maintenues tant que la crise n’est pas terminée.
Le gouvernement a cru pouvoir relâcher l’effort dans le budget 2011 en apercevant quelques maigres indices d’amélioration de la situation de l’emploi. Et les mesures prises depuis -plus mesurettes que réelles ambitions- tardent à faire sentir leurs effets aujourd’hui:
L’économiste se veut néanmoins optimiste: « L’enjeu est dans les prochaines semaines, car c’est dès la rentrée que l’essentiel des contrats se signent et une inflexion de tendance est encore possible ». Notant toutefois qu’un millier de conseillers, « compétents et directement opérationnels », vont dans les prochaines semaines devoir quitter les Missions locales , en raison de la fin des crédits du plan d’urgence.
Elsa Fayner
Article Intéressant. Merci
Je pense qu’il faut se concentrer sur les domaines en plein boom comme l’emploi dans le web et le e-commerce qui sont des vecteurs de croissance à ne pas négliger.